VERS UN RÉVEIL DE LA GAUCHE SUISSE ?...
« Citer le nom de Chantal Galladé devant la plupart des militants socialistes provoque hochement de tête navré, pincement de lèvres excédé ou sursaut d’effroi. "Ca, une socialiste ! " s’indigne une douairière du parti, comme on aurait dit, il y a une centaine d’années, "Ca, une demoiselle ! " S’inquiéter de la violence des jeunes fait partie de ces sujets qu’une jeune femme de gauche bien rangée ne devrait même pas soupçonner. [...]
La jeune zurichoise prétend opposer des réponses de gauche aux thèmes favoris de la droite populiste. [...] Chantal Galladé s’est émue, entre autres tragédies, de l’histoire de ce meurtrier de 16 ans, déjà poursuivi deux ans plus tôt pour actes de violence, mais que l’on avait relâché dans la rue, faute de lui trouver une place dans une institution spécialisée. Donc, s’ils n’ont pas 15 ans, on attend... jusqu’à ce qu’ils commettent un nouveau délit. En espérant, si l’on ose dire, qu’ils aient alors atteint l’âge légal d’être emprisonnés. "Pour moi, affirme Chantal Galladé, les jeunes délinquants ont besoin de quelque chose qui s’appelle punition, même si l’on accompagne cette punition de pédagogie et de thérapie. Comment voulez-vous qu’ils comprennent la gravité de leurs actes si on les laisse en liberté ?" [...]
Chantal Galladé comprend que ses propositions aient pu susciter quelque émotion dans le sérail socialiste, mais "on est bien obligé de vivre dans la réalité." Et l’une des réalités zurichoises, c’est la criminalité, même si ce n’est pas seulement celle des jeunes. On ne peut ignorer non plus "l’extraordinaire puissance de l’UDC", explicable en partie du moins par le fait que le parti de Christophe Blocher a pris au sérieux les problèmes des gens, leur crainte de la violence en particulier. "Nous aussi, nous devons les prendre au sérieux, quitte à faire d’autres propositions" dit Chantal Galladé, "mais sans nous voiler la face". »
Pierre-André Stauffer, "Une socialiste sur les terres de l’UDC", L’Hebdo, 22 novembre 2007